Tuesday 2 December 2008

Ils en pensent quoi, les Russes ?



La TCHETCHENIE, vue de Nijni-Novgorod.


Aujourd'hui j'ai lu un article bouleversant sur la Tchétchénie. Ce n'est pas comme si je n'étais pas au courant de cette lente islamisation de la société tchétchène, et de la lente dégradation des rapports hommes-femmes dans cette "République". Ce n'est pas comme si cette cause m'était inconnue, comme si je pouvais me permettre de lire cet article, de loin, sans éprouver d'émotions ni de rage contenue
Et pourtant, comme beaucoup d'entre vous me l'ont fait remarqué, cela fait bien longtemps que je ne vous ai pas ennuyé avec mes diatribes habituelles sur l'état actuel de la Tchétchénie.
Peut-être parce que cette année au cœur de la société russe m'a énormément appris et qu'il me faudrait davantage de recul pour réaliser ce qu'elle a su changer dans mes convictions et ce qui est resté intact après l'ouragan.

Je m'étais promise de ne pas m'imposer de force dans leurs (rares) discussions politiques, mais de les laisser parler entre eux, d'écouter leurs arguments, tenter de comprendre, essayer de mettre ma rhétorique en veilleuse pour mieux réussir à saisir ce qui pousse les Russes d'aujourd'hui à se dé-responsabiliser ainsi de ce conflit, jadis brûlant, aujourd'hui latent.
De mes tentatives à susciter un échange de vues sur la Tchétchénie, il ne s'en est issu qu'un simple bavardage, un face à face sans disputes et désaccords, étant donné que chaque Russe pensait exactement la même chose. Pas de débat. Une même unanimité implicite sur tout, des sujets habituels (l'entrée en guerre, l'après première guerre...) jusqu'aux thèmes les plus sensibles (le rôle des wahabbites dans la seconde guerre, les massacres de civils, la "normalisation" poutinienne, etc.). L'absence de confrontation entre eux n'empêche pas néanmoins une prise de parole vive, exaltée, et un air convaincu, tout cela accompagné d'une dialectique spectaculaire, qui relève parfois du pur sophisme. A chaque fois que j'essaie de leur opposer le moindre petit fait objectif (l'existence par exemple de villages rasés par l'armée russe, comme Komsomolskoe), peu importe si j'ai chiffres, rapports et photos à l'appui, on me répond : "Tu es victime de la propagande européenne", ou encore "Tu y es allée, en Tchétchénie ? Comment une Parisienne pourrait mieux connaître le sujet qu'un Russe ?".
Je me rappelle de cette phrase, prononcée avec un humour grinçant par Florent Marcie, lors d'une conférence à laquelle j'avais participé : il racontait comment, après avoir fait visionné son film Itchkéri Kenti, fait d'archives de la première guerre tchétchène, à un Russe rencontré par hasard, celui-ci l'avait accusé, très en colère, d'avoir "créé les Tchétchènes morts par Photoshop". On pourrait en rire, mais en réalité, c'est affligeant : la propagande poutiniste a forgé un tel sentiment d'intégrité patriotique et le battage médiatique incriminateur de l'Europe a heurté si profondément les Russes dans leur fierté nationale qu'ils renieraient leur liberté de penser plutôt que de risquer d'affaiblir leur pays par leurs doutes.

J'ai eu la chance de côtoyer plusieurs couches de la population lors de mon séjour à Nijni-Novgorod, ce qui n'aurait pas été toujours possible à Moscou. Mais quel que soit le milieu, le discours sur la Tchétchénie ne change que très peu.
On aurait pu penser, à tort, que les nouveaux riches, davantage ouverts sur la mondialisation et voyageant plus souvent à l'étranger, auraient eu un peu plus de clémence envers les Tchétchènes et les guerres qui les ont opposés avec les Russes. C'est le cas. Ils comptent parmi les plus confiants quant au futur de la "République" Tchétchène. "On a tout reconstruit, ils ont même le droit à la plus belle mosquée du Caucase ! Leur liberté religieuse est totale. Demain, nous apporterons d'autres investissements, et les Tchétchènes ne mordront plus jamais la main russe qui les nourrit. Et on leur pardonnera leurs bêtises, un jour." , me disent-ils en souriant. Que la société tchétchène réponde à la russification par une intense islamisation de leur culture, cela ne leur fait ni chaud ni froid. "Ils sont russes, tu comprends. Et même s'ils se prennent pour des Arabes, ils resteront toujours russes." A la fois profession d'amour et menace tacite, les propos de mes amis huppés sont difficiles à cerner, et passionnants par leur ambiguïté.

Mes camarades issus des classes moins favorisées (comme la famille russe dans laquelle je vis) sont eux aussi convaincus du bon droit du peuple russe face au "nid de terroristes" qu'est la Tchétchénie à leurs yeux. Tout en affirmant avec emphase qu'ils ont une multitude d'amis tchétchènes, et qu'ils les aiment "comme s'ils étaient russes" (!), ils refusent de considérer que les compatriotes de ces derniers soient autre chose que de violents boeviks, armés de haine et de kalachnikovs, qu'il faudrait neutraliser au plus vite. Certains me disent que la seule solution est celle qu'avait mise en œuvre Staline : les envoyer tous vite fait bien fait dans une quelconque région reculée du Kazakhstan, et cette fois-ci veiller à ce qu'ils n'en reviennent jamais.
Terrifiante perspective, mais pas autant que celle que propose la fille de ma famille russe : la société tchétchène serait si gangrenée par le terrorisme qu'il faut créer de nouveaux camps de concentration, et leur faire payer, par leur force de travail, les dommages qu'ils ont causé à l'armée russe (sic !). Cette idée ne vient pas d'elle (elle est plutôt saine d'esprit), mais d'un des "groupes de travail politique" qu'elle fréquente et qui est apparenté officieusement à Edinaia Rossia - Russie Unie, le parti présidentiel -. Ils ont si bien pensé la question qu'elle est capable de me sortir des chiffres précis : pour un soldat russe tué, c'est dix ans de travail forcé pour deux tchétchènes. Quand je lui demande si les enfants et les femmes devront aussi vivre dans ces affreux camps, elle me répond, sérieuse et résolue : "Bien sûr. Un enfant de terroriste est un terroriste aussi. Et les femmes sont complices, toujours.".

Je n'ai pas encore rencontré de Russe qui ne défende pas le parti de son pays. Même si c'est difficile pour moi de ne pas juger selon mes propres valeurs occidentales leurs arguments, tenter de comprendre la légitimité qu'ont ces derniers à leurs yeux et la place particulière qu'occupe la Tchétchénie dans leur conscience nationale est une des expériences les plus captivantes qu'il m'ait été donné de vivre en Russie. D'autant plus que ce questionnement ne s'exerce pas uniquement sur les motivations des Russes, mais aussi sur les miennes et ne cesse de remettre en cause ce que je crois savoir sur le conflit.

... Car, jusqu'où peut-on dire que moi aussi, j'ai été en partie manipulée par la presse européenne ? Cette dernière ne s'est jamais réellement impliquée dans le conflit, se contentant de le condamner en fonction de l'intérêt de ses lecteurs, dont l'esprit ne s'émeut que lorsque les droits de l'Homme sont bafoués. Dès lors, il a été facile de ne jouer que sur un terrain moralisateur, accusant à force d'articles scandalisés les Russes de mener une guerre inhumaine. Acculée par une presse européenne déchaînée, la Russie défend le droit de faire primer le droit d'intégrité territoriale, le sentiment patriotique et la peur de la désagrégation d'un ex-Empire fragilisé par l'Histoire, sur les droits de l'Homme, qui, dois-je le rappeler, restent obscurs et incohérents pour la plupart des Russes.
En tant que porteuse de valeurs occidentales (dignité humaine et tout le tintouin), je considère moi aussi les droits de l'Homme comme la finalité qui doit tendre chacune de nos actions politiques. Mais avant d'incriminer la Russie pour sa gestion du conflit tchétchène, rappelons nous que son histoire politique, sociale et culturelle est radicalement différente de la nôtre, et qu'elle ne peut donc avoir le même sens des "priorités" que nous.
Pour qu'elle puisse enfin considérer le respect de la personne humaine comme primordial, il faut arrêter de l'y opposer constamment, cesser de penser à cette valeur comme monopole de l'Occident, et accepter que les droits de l'Homme subissent une légère adaptation aux réalités sociales et politiques de la Russie.

Catch me if you can !

Me voilà bientôt en vacances. Histoire de me reposer un peu de mes péripéties russes, je reviens passer un mois et demi dans ce bon vieil sanatorium qu'est l'Europe.

Qui sait, vous me croiserez peut-être en chemin ?

20 déc. - 23 déc. >>> LONDON (home)
23 déc. - 03 janv. >>> TOKYO (japan)
03 janv. - 14 janv. >>> LONDON (home)
14 janv. - 18 janv. >>> REICHSCHOFFEN
18 janv. - 21 janv. >>> LONDON (home)
21 janv. - 24 janv. >>> PARIS (france)
24 janv. - 25 janv. >>> LILLE (france)
25 janv. - 28 janv. >>> LONDON (home)
28 janv. - 06 fév. >>> STOCKHOLM (sweden)
06 fév. - ... >>> retour à moscow (RUSSIA).

Thursday 27 November 2008

Premières Neiges

Il neige à Nijni !

Mieux vaut tard que jamais, dit le dicton. Car en effet, cela fait longtemps que nous attendions que la ville se couvre de son manteau blanc. Habituellement, c'est pour la fête de la Révolution (aujourd'hui remballée au placard pour changement officiel d'idéologie) que débarque la poudreuse. Or, elle est arrivée cette année avec plus d'un mois de retard. Les baboushki* se lamentaient chaque jour de plus belle, tandis que les jeunes filles regardaient par la fenêtre pensant désespérément que leur beau manteau de fourrure resterait à nouveau dans l'armoire, puisque la neige ne se décidait pas à venir.
Et puis, un matin, j'ai ouvert la porte et me suis retrouvée nez à carotte avec un bonhomme de neige qu'avaient modelé des enfants malicieux. La ville marche désormais au ralenti, avec un étrange silence, car tous les bruits sont étouffés par l'épaisse pelisse de flocons dont s'est enveloppé Nijni.

Cela ressemblerait fort bien à un tableau idyllique (allez, avouez, vous vous attendiez déjà à ce que je vous décrive les ours se baladant main dans la main dans la rue, les Russes ivres morts proposant de la vodka à la ronde pour aider leurs compatriotes à se protéger du froid, n'est ce pas ?) si ce n'était la présence de vicieux petits détails qui accentuent décidément le pittoresque et la festivité de la chose.

*Les Russes n'ont rien à envier aux Alpes : mis à part le relief, tout y est à l'identique : la température, la demi-tonne de poudreuse par mètre carré, le frimas... sauf que les autochtones n'ont pas encore compris que dans ces conditions extrêmes, les moonboots (vous savez ces grandes chaussures immondes mais SI confortables ?), les lunettes de ski et la grosse vilaine cagoule sont de rigueur. Au contraire, ici, les sports d'hiver se pratiquent en escarpins s'il vous plaît. Il est certain qu'avec mes six centimètres de talons, je m'agrippe solidement au verglas, tel un véritable alpiniste, mais pour courir attraper le bus c'est légèrement moins pratique. Les Russes rivalisent d'élégance : leurs manteaux sont en fourrure (j'avoue avoir laissé quelque peu tomber mes maximes écologiques étant donné l'ampleur du massacre de renards, hermines et autres inoffensives bestioles), les bottes en cuir verni, les peaux toujours aussi bien maquillées...

*Certains m'en voudront pour toujours mais il me faut casser un mythe : la CHAPKA n'est plus à la mode. Je n'ai vu aucun Russe digne de ce nom en porter une. Seuls mes parents ont osé, et on nous remarquait à cent lieues. Cette nouvelle ne provoque pas seulement, j'en suis sûre, le désarroi des vendeurs de chapkas mais aussi celui de tous ceux qui, comme moi, avait surabusé de films soviétiques et romances tolstoïennes. Ah, malheur, lorsqu'on voit ces fiers Russes arborer de pathétique bonnets en cachemire indien ou angora chinois, on se dit que la mondialisation n'a pas que du bien...

*Cela fait longtemps que je m'en doutais, mais désormais, je le sais, j'ai des preuves irréfutables. Voilà maintenant trois mois qu'un immense complot s'organise à Nijni-Novgorod, lieu de tous les vices politiques. Que ce soit les thermomètres ou la dame météo du TF1 local, tous s'accordent à indiquer toujours six bons degrés celsius de plus que ceux que ressent notre corps glacé jusqu'à la moelle. Et les scélérats poussent même la perfidie à falsifier non seulement la température ambiante mais aussi l'heure indiquée !
Exemple : L'écran géant de la place Ménine annonce -6° puis clignote pour afficher l'heure. Il est 15h23, le prochain bus sera d'ici maximum vingt minutes. Non seulement je me congèle le cerveau et les miches dans des conditions extrêmes en l'attendant une bonne heure, mais en plus, le même écran OSE afficher qu'il n'est que 15h32 (à peine dix minutes se seraient donc supposément écoulées depuis mon dernier coup d'oeil) mais EN PLUS, que la température est remontée de trois bons degrés. Or je sais parfaitement qu'il n'en est rien, mais qu'en une heure nous avons pu à la fois frôlé les -15°c et faire un coucou à la calotte glaciaire.
Curieusement, les autobus se font davantage attendre quand il neige, comme si les mouvements de grève russes inexistants s'autocoordinaient avec le climat. Je peux même vous dire que lorsqu'on est en jupe, l'attente s'intensifie d'autant plus... pour mon plus grand bonheur (cherchez l'erreur).

*J'envisage sérieusement depuis l'arrivée du premier flocon de m'acheter une luge, ou au moins, une paire de skis Rossignol (pub pub). Car, une fois expérimentées les joies du coccyx endommagé pour cause de chutes intempestives, on se dit que les talons de six centimètres, ce n'est finalement pas ça qui nous rend stables sur le verglas nijnois. Pourtant, les jeunes slaves environnantes semblent bien s'y accommoder, et je donnerais ma main à couper (ou presque) qu'elles seraient capables de nous improviser de la gymnastique acrobatique sur cette horrible chaussée glissante. Ce n'est en tout cas pas mon cas, et si je n'écoutais pas autant mon irrépressible désir d'intégration, j'enfilerais aussi sec mes bonnes bottes de neiges. Et mes lunettes de ski : comment donc voir à travers cette avalanche permanente de flocons quand on n'est ni le Yéti-des-Glaces, ni Russe depuis son bas-âge ?


Vous l'avez compris, on différencie facilement les autochtones de l'étranger perdu dans l'hiver russe. Ce dernier a cru à tort que de telles conditions climatiques autorisait un relâchement vestimentaire, tandis que les natifs semblent tout droit sortis de la dernière boîte à la mode, malgré le froid environnant. Il pense de plus que la chapka est une preuve d'intégration dans la société locale, alors que celle-ci voit aussitôt en lui un touriste égaré et pro-communiste. Enfin, on le distingue par l'étrange forme de ses fesses (il a caché un oreiller pour protéger son humble derrière des prochaines glissades).

. . .

Néanmoins, il a un avantage... lui seul sait que mentent les thermomètres et la dame météo. (cette vieille bique, je la retiens !)



* pluriel de baboushka, bande d'ignares !



Tuesday 28 October 2008

*Pererif*

g.r.e.v.2.b.l.o.g.



Poka, et à très bientôt ! Je m'en vais montrer à mes parents, qui débarquent sur le sol russe jeudi, que l'URSS a laissé place à un pays fascinant... Connaissant ma verve en ce qui concerne la Russie, vous ne doutez pas que je saurai les convaincre !!!
A très vite !

Monday 20 October 2008

Я - русская девушка. Да-ДА.

Depuis quelques mois, ma métamorphose en русская девушка devient de plus en plus notable. Elle a d'ailleurs atteint son apothéose lors de l'achat samedi dernier de bottes qui sont l'apanage de toute jeune fille (russe) qui se respecte.
Je vous laisse donc juger par vous-mêmes de ma transmutation en produit local. Ne prenez pas ça pour du narcissisme, car bien au contraire, il s'agit ici d'un acte des plus altruistes, puisque je souhaite éviter à chacun de vous un trop grand choc lors de mon retour en Europe.





Bande-son : я устал, de Quest Pistols, chanson dont le comique des lyrics n'égale que son succès sur les platines du DJ.

Saturday 18 October 2008

Адмираль. Prononcez Admiral.

“Kolchak has been judged differently at different times in history,” said historian Roy Medvedev. “...Most Russians know little of him so the film will have a big influence on them.”


Je n'ai pas pleuré lors du film Адмираль. Je suis un monstre. Je n'ai pas de coeur.
Ou plutôt, j'en ai un, mais il s'est soudainement transformé en pierre. Dans la salle pourtant, les larmes s'affichaient sur chaque joue russe, et les kleenex se vendaient à un prix d'or. Chaque jeune fille post-pubère s'essuyait sans ménagement la morve sur l'épaule de son voisin, qui, malgré sa virilité, avait du mal à cacher son émotion.
Et moi, au milieu de cette bataille de sentiments, je restais de marbre. Quoi, il meurt ? eh bien oui, c'est la guerre, mes braves gens. Comment, on lui tranche les orteils et il succombera à une pneumonie fulgurante ? d'un côté, il n'avait qu'à faire un peu plus attention et ne pas courir sur le lac gelé avec son cheval. Ca lui apprendra, tiens !

Адмираль est un film qui, s'il ne m'a pas émue, m'a néanmoins très intéressée. Commandé par le Ministre de la Culture, financé à coups de subventions onéreuses et gouvernementales, c'est une des plus grandes productions cinématographiques de ces derniers années en Russie. Les séances sont chaque jour à Nijni pleines à craquer et selon Vremia Novosti, le phénomène se répète partout en Russie. La Baboushka y est allé, la maman aussi, le jeune couple y court main dans la main, le bourré du coin n'hésite pas non plus, et tous vont pleurer ensemble devant ce grand hymne patriotique.
Car ce film est avant tout un panorama exaltant l'amour du Russe envers sa Rodina-chérie. L'action débute en 1916, nous sommes sur un gentil petit bâteau, sorte de gros blindé qui pose des mines partout et qui souhaite en découdre avec son ennemi allemand. Sans surprise, les vilains finissent noyés et les matelots russes lancent d'heureux hourras. Bien sûr, les corps sans vie traînent un peu partout et ça fait sale, mais le Pope est là pour arranger ça. La religion est, avec le drapeau russe et la chapka, l'un des grands personnages du film. On prie avant et après la bataille (avec musique de fond s'il vous plaît, et reniflements convaincus partout dans la salle), on se signe aussi souvent qu'on croise une icône (c'est-à-dire toutes les cinq séquences) ou un mort, et surtout, on essaye d'incruster dans le film toutes les fêtes religieuses, avec plus ou moins de bon sens.
Comme si la guerre était inséparable de la dévotion. Le Pope et le soldat sont les meilleurs amis du monde en Russie, cela se savait, mais le gouvernement a décidé d'en rajouter une sacrée couche avec Адмираль .
Tout cela agrémenté d'un amour à la Jivago (ce qui n'est pas forcément déplaisant), de quelques scènes sanglantes et d'actes héroïques en-veux-tu-en-voilà.
Je râle, je râle, mais le film a au moins le mérite de présenter le climat pré-Révolution et cette dernière, sans oublier la guerre civile, sous un autre angle que celui des Rouges. Cette fois-ci, on soutient les Blancs, c'est écrit noir sur blanc, sans vouloir faire de mauvais jeu de mots (trop tard, c'est fait). Notre tourment pendant une heure et trente minutes sera donc que ce cher Alexandre Kotchak, amiral à ses heures perdues, ne peut pas forniquer tranquillement avec son aristocrate de maîtresse sans que de vilains bolcheviques viennent lui mettre des grenades sous les bottes. Mais pas question qu'on titille du fusil lui et la Russie en toute impunité. Comme il a la provocation facile, hop hop, il réunit quelques troupes, les harangue quelque peu, (toujours avec le Pope à côté) et s'en va peindre la neige en Rouge.

[Koltchak, le Pope et les drapeaux, scène parmi les plus émouvantes du film à en juger les sanglots éperdus de ma voisine.]

Bien que j'ai trouvé le film sans aucune inventivité et terriblement propagandiste, les acteurs sont excellents, et le casting des paysages est irréprochable. Situer la moitié de l'action dans le Transsibérien est une idée jouissive, et vouloir s'occuper un petit peu de l'historiographie de la guerre civile est une très bonne initiative, même si on a zappé la case débat-et-objectivité.
On pourrait comme moi reprocher à ce film d'avoir sombré dans l'excès de niaiserie et d'avoir enrobé ces passionnants évènements historiques de petites princesses à la peau opaline. Néanmoins, il faut bien avouer que c'était la condition sine-qua-none pour que le public russe daigne sacrifier son vendredi soir à un film historique plutôt qu'à une bonne comédie américaine. Qui sait, ce n'est finalement pas si bête.

PS : le plus félon, le plus fourbe de tous, ne sera ni le poilu communiste, ni le jaloux mari, mais le Général Женне (Jennais ?), français, moustachu, et maintenant honni par 95% de la population russe.
rePS : Instant féerique : la pénombre s'en va lentement de la salle, et je vois autour de moi, une centaine de jeunes filles qui, en reniflant toujours un peu, se remaquillent et se repoudrent le nez, sans oublier de se coiffer la perruque. BON. Elles n'en feraient pas un peu trop là ? Surtout quand on sait que le mâle russe est ab-so-lu-ment insipide.

[Koltchak fait sa lecture du soir.]

Liens palpitants pour tous curieux en herbe :
- la bande-annonce en russe, mais rassurez-vous, les images parleront d'elles-mêmes.
- Kol-quoi ? Koltchak, et tous ses potins exposés sur Wikipédia pour votre plus grand bonheur
- Un article de RussiaBlog, assez complet.

Quelques infos glanées par-ci, par-là sur le web, par votre dévouée :
- Адмираль est le troisième film épique russe. Le premier, 1612, narrait l'invasion polonaise de Moscou et sa défaite face à l'armée russe; le second s'occupait de consolider le culte pour Alexandre Nevski.
- Le budget d'Адмираль a été de 20 millions de dollars, ce qui est considérable dans l'industrie russe du cinéma. Les entrées s'élèvent jusqu'à présent à 11,4 millions de dollars pour la seule Russie; avec l'Ukraine, elles totalisent un montant de 12,4 millions.
- C'est la première fois que l'on assiste à un tel succès cinématographique...
- ... mais ce n'est pas la première ni la dernière tentative de réhabiliter ce brave Admiral Koltchak, qui, malgré plusieurs recours judiciaires n'a jamais pu être réhabilité officiellement. Une île et quelques statues lui ont tout de même été consacrées depuis la chute de l'URSS. Lors de la sortie du film, Maximov (le co-producer) a déclaré qu'une "nouvelle vérité historique (sic !!!) est en passe d'être découverte : à travers ce film, il s'agit donc de donner un argument émotif (re-sic !!!) pour cette vérité."
- Cette volonté ne provoque pas l'unanimité chez les historiens. L'un d'eux, Roy Medvedev déclare, fort pertinemment, que la plupart des Russes savent si peu de Koltchak et de la querelle qui entache sa réputation que le film risque d'avoir une grande influence sur leurs esprits et par conséquence de figer le débat.

Pour finir, un petit extrait du débat que j'ai eu après le film avec mes amis russes :
M. : Je ne peux pas supporter de voir ce que les communistes ont fait aux défenseurs du tsarisme. Ce sont des barbares, et ils ont installé une terrible dictature.
Moi : Tout de même, ma chère, les rouges avaient beau ne pas être très sympathiques, le tsar et sa bande n'étaient pas non plus des anges avec la plèbe. Après la révolution, tout n'était pas rose, mais une certaine égalité s'était installé, non ?
M. et A. : Il vaut mieux qu'au moins une classe de la société vive bien, même si les autres classes pataugent dans l'indigence.
Puis M. : Ce serait vraiment mieux si la révolution n'avait pas existé et que nous vivions encore sous le tsarisme.
Moi : Dans le match Autoritarisme vs. Totalitarisme, c'est donc l'Autoritarisme qui gagne pour vous ?
M. et A. : конечно. [Bien sûr] [Of course] [Por supuesto]
Moi : Et vous préféreriez le tsarisme à votre (supposée) démocratie actuelle ?
M. : C'est à voir. Notre démocratie a beaucoup de failles, mais elle a l'excuse d'être encore jeune.
A. : Je me demande si en fait notre démocratie n'est pas un tsarisme caché.



***
Si j'ai appris à Nijni quelque chose, c'est bien que chez les Russes le patriotisme n'exclut pas l'esprit critique. Ce que les médias occidentaux ont encore du mal à comprendre. La population russe n'est pas assujettie à la propagande gouvernementale : elle ne fait que la subir mais sans s'y aveugler.






Tuesday 14 October 2008

Récit(s) imagé(s) de mes petites péripéties russes

J'ai trouvé un moyen détourné pour ajouter des photos sur mon blog. C'est de la triche, mais à la guerre comme à la guerre : or le conflit est ouvert entre Blogger et moi depuis quelques jours. (ce fichu site a même osé me supprimer un article : non, je ne crois pas au b.u.g informatique loin de là. Je crie au complot et à la censure. Bientôt le procès ?)

Enfin, trêve de plaisanteries, voici le premier diaporama de mon voyage à Kazan, du vendredi 10 au mardi 14 octobre.





Puis, voici le diaporama de mon voyage à Vladimir et à Bogolioubovo, le samedi 20 septembre.

Sunday 5 October 2008

Malade à la russe, soignée à la russe, toujours vivante.

Etre malade en Russie c'est un tout petit peu différent qu'en France.

- la baboushka rapplique avant même votre première quinte de toux, s'assied à votre chevet et vous regarde dormir des heures durant, en poussant un petit soupir de temps en temps.
- Les antibiotiques sont des êtres bizarres dont on tient l'existence pour invraisemblable et qu'on ne rencontre ni en pharmacie ni dans le petit placard au-dessus des toilettes.
- le médecin vous fait systématiquement une piqûre de glucose...
-... et vous cogne (non je n'exagère pas) sur les deux joues avant même de dire bonjour, histoire de vous faire paraître un peu moins cadavérique que vous ne l'êtes et de lui redonner ainsi de l'espoir
- Pendant la visite de ce cher docteur, toute la famille plus quelques voisins sont présents dans la pièce, sans oublier la copine qui sait baragouiner l'anglais. Ça en fait du monde...
- Cette petite assemblée votera à main levée lorsque le médecin hésitera à vous envoyer ou non à l'hôpital du coin (je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie que pendant ce bref silence pré-électoral)
- Le Coca-Cola sera banni en cas de mal de ventre, à la place on vous proposera riz et beignets (sic !!!)
- on vous fera boire davantage de thé que d'eau, à raison d'un toutes les heures. Et je peux vous dire que cela devient très très vite écœurant...
- la baboushka de l'immeuble d'en face s'inquiètera de votre santé, et viendra offrir ses bons et loyaux services à votre famille d'accueil, sans oublier la grand-mère d'un de vos amis qui se fait un sang d'encre depuis qu'elle a appris que votre température s'élève à 38,01 degrés. Bref, votre santé devient une affaire d'Etat pour l'immeuble tout entier.
- le médecin reviendra précipitamment pour rectifier son verdict : non finalement, ce n'est pas la grippe, mais une intoxication alimentaire...

...Un conseil évitez les gâteaux russes fourrés à la crème !

"N'oublie pas ton appareil photo !"

Les Russes et la photographie... toute une histoire d'amour ! A condition qu'elle serve de support à une autre bien plus profonde et inaltérable : celle que ces demoiselles ont pour leur propre image.

La Russe aime se regarder dans un miroir. D'ailleurs, chaque jeune fille digne de ce substantif en possède un, tapis dans sa trousse ou ostensiblement accroché autour de son cou. La retouche maquillage-coiffure-bouton-d'acné se fait dans le couloir, sans aucune pudeur : et d'ailleurs, pourquoi donc avoir honte de ce signe de coquetterie puisque c'est cela même qui ravit le coeur des mâles russes ?

La photographie offre un avantage imparable par rapport au miroir : l'image persiste, peut s'afficher sur Vkontakte ou sur un autre site de parade sociale, sans oublier que Photoshop aidera à gommer cette saleté de pustule qui se prend pour une pastille de henné.

Jusqu'à présent, tout semble similaire à l'attitude des jeunes filles européennes.

Mais avez-vous déjà assisté à une fête d'anniversaire où l'on arrête tout (le repas entre autres, à mon grand désespoir !) afin de se consacrer pendant une demi-heure à des poses des plus bienséantes aux plus outrageuses (et je ne vous promets que je ne vous la joue pas mère-Anaïs -effarouchée-par-tant-de-décadence-priez-Seigneur). Ou autre situation qui m'a révélé en un éclair toute l'importance que prend l'appareil photo dans la société russe actuelle : après avoir visité Bolshoe Boldina (la demeure estivale de ce cher Poushkine) en long et en large, ma famille russe m'annonce que c'est reparti pour un tour, exclusivement consacré aux photos. Et me voilà posant à côté d'une statue de Poushkine, alors que d'autres jeunes filles piaffent d'impatience pour pouvoir enfin prendre, elles aussi, la photo qui ornera leur page d'accueil Vkontakte.
Ou autre situation hautement représentative de cet engouement russe : alors que nous dansons innocemment sur le dancefloor d'une de nos soirées, une de nos amies se refuse à trémousser du popotin et préfère nous mitrailler de flashs intempestifs. Je m'indigne de cet état des choses lorsque l'on me rétorque : "Laisse donc faire, il faut bien que quelqu'un prenne des photos de cette soirée !". Certes, mais de là à remplir trois mémoristicks de suite...

Si encore les photos prises reflétaient des situations normales, sans artifices et où les sourires ne sont pas soit crispés soit glossés à mort, je serais ravie d'avoir une telle anthologie de mes moindres faits et gestes en compagnie de jeunes filles russes. Mais voilà, ces dernières considèrent qu'une bonne photo est une photo sexy. Que dis-je, sexy ? Grivoise.
Il s'agit donc de bomber les seins, arquer les fesses, regarder langoureusement le pauvre appareil photo qui ne sait dès lors où donner la tête, enfin, l'objectif. Les lèvres dégoulinent de paillettes, les cheveux sont plaqués à la laque, les bottes sont vertigineuses et les cuisses emprisonnées entre deux épaisseurs de bas résilles.
Et ça s'embrasse, et ça simule, et ça orgasme, et ça prend des poses de plus en plus incongrues. Puis sans le moindre complexe, le lendemain matin, on retrouve des "photos-dossiers" sur Vkontakte. Dieu merci, étant donné ma pauvre capacité à prendre de telles poses, je n'ai pas encore eu ma réputation entachée.

L'amour des Russes pour la photographie portraitiste est indéniable. Mais il est néanmoins sujet à certaines nuances. Bien que je n'aie pas encore passée une seule soirée sans que l'on me téléphone pour que je pense à prendre mon appareil photo, il y en a tout de même quelques unes où la traditionnelle demi-heure de flashs crépitants se termine au bout de quelques minutes et davantage sans faux-semblants.





Humeur d'Hummer©

MALHEUR ET SACRILEGE !!

Il m'est impossible de télécharger une seule photo sur ce damné b.l.o.g. J'en périrai d'ennui si cette absurde situation continue.
En attendant, pas question pour moi de jouer les ingrates : merci pour tous vos petits mots d'encouragements maileux, commentaireux, fessedebrebiens ou encore vkontaktien.
Je vous embrasse fort tous, et j'espère trouver le temps latoudswitt pour pouvoir me mettre à la rédaction d'un nouvel article.

PS : ceci est la preuve matérielle et irréfutable que je suis revenue vivante de Dzerjinsk. Normal, je n'y suis jamais allée : j'étais malade. (courageuse mais pas téméraire...)




Sunday 28 September 2008

Vous reprendrez bien un peu d'arsenic avec votre lewisite ?

Il y a quelques jours que cette idée de pique-nique convivial dans une quelconque forêt de Russie nous trotte dans la tête. C'est vrai : il fait beau depuis une semaine (jusqu'à 20 degrés aujourd'hui) et il nous faut profiter de ces derniers rayons de soleil, avant que la neige ne reprenne ses droits. (Au fait, il a neigé toute la journée de samedi, c'était impressionnant)

Quand nos amis de l'université nous ont proposés de venir s'étendre dans l'herbe verte de Dzerjinsk, leur ville natale, nous avons tout de suite accepté. Et aujourd'hui, alors que je tente de me renseigner sur cette petite ville, je tombe sur cet article effarant...




DZERJINSK



Sa population était estimée à 285 000 habitants en 1995.

Fondée en 1920, la ville s'appelle Rastiapino jusqu'en 1929. Le nom actuel de la cité vient de Félix Dzerjinski, l'un des meneurs bolcheviques qui devint ensuite le premier chef de la tchéka (police secrète qui fut le fer de lance de la mise en place du stalinisme en Union soviétique, instaurant partout la suspicion et la terreur). (un sympathique petit bonhomme, dîtes-moi, ce Dzerjinsk...)

La ville moderne de Dzerjinsk est un important centre de l'industrie chimique russe. Par le passé, elle a aussi été l'un des sites de production d'armes chimiques. De ce fait, et pour des raisons stratégiques, cette ville était jusque récemment fermée aux visiteurs étrangers. ( tout comme Nijni-Novgorod il y a dix ans)

L'industrie des armes chimiques avait commencé en 1941, surtout pour produire de la lewisite — dont l'effet toxique est dû au trioxyde d'arsenic qu'il contient — et l'ypérite (« gaz moutarde »). L'usine produisant ces substances était appelée Kaprolactam (ou Caprolaktam) Organic Glass Factory, et en plus des produits mentionnés, produisait de l'acide prussique et du phosgène.( quelqu'un serait-il assez aimable pour m'expliquer tous ces mots barbares ?)

La production cessa en 1945. Quelques matériaux furent transportés dans des lieux de stockage, tandis que la plupart du matériel dut être enterré (et je sens qu'on va pique-niquer sur l'une de ces tombes chimiques avec ma chance légendaire) à cause des grosses concentrations d'arsenic (ah, je savais bien qu'il nous manquait quelque chose), sur le site même de l'usine. L'usine à ypérite a réellement été démantelée à partir de 1994. En 1998 l'unité de production de lewisite n'était pas encore complètement détruite.

Parts of Dzerzhinsk's water are contaminated with dioxins and phenol at levels that are reportedly seventeen million times the safe limit.

Dzerzhinsk's environmental agency estimates that almost 300,000 tons of chemical waste were dumped in the city between 1930 and 1998. The Ecology Committee of the Russian State Duma also considers Dzerzhinsk among top ten cities with the disastrous ecological conditions.

(et voici le clou du spectacle...)

Selon le classement 2007 de l'ONG Blacksmith Institute, Dzerjinsk fait partie des dix sites les plus pollués au monde, cité devant Tchernobyl.


Dzerzhinsk is one of the worst polluted cities of the world and has a life expectancy of 42 years for men and 47 for women, with 2003 death rate exceededing its birth rate by 260%.

Dzerzhinsk City Administration, however, asserts that the Blacksmith Institute report is false, stating, for example, that since sarin had never been produced in the city, it cannot be one of the major pollutants


Je suis gentille, je vous donne le lien des articles, pour que vous ne pensiez pas que je fabule (Click-Clique.) Pique-niquer dans une ville encore plus polluée que cette chère Tchernobyl, ce n'est pas tous les jours que cela m'arrive.

A venir : les photos de moi façon alien radioactif.




Monday 22 September 2008

Instantanés

Instantané n°1 : Dans la marshrutka, je me dore au soleil, et je me réjouis d'être enfin assise. Je contemple l'autre rive de Nijni-Novgorod du haut du Parc Gorki que longe l'autoroute. Tout va bien. J'ouvre Michel Strogoff, page 245 (il vient de se faire brûler les yeux), et lis... Quand SOUDAIN, résonne dans toute la marshrutka l'infâmante voix de Joe Dassin ! Consternation absolue de la seule française présente tandis que le papi russe d'à côté chantonne joyeusement. Mais nous avons évité le pire : Moi Lolita n'était pas loin.


Instantané n°2 : Je m'adapte si bien à la vie russe, que je commence à prononcer des aberrations terribles.

Exemple :

Oksana : - Il fait combien dehors ?

Moi : - Il fait chaud, environ 7 degrés.

Oksana : - Oh super, pas besoin de pull.

Ciel, il est temps que l'on me remette le thermomètre en place.






Instantané n°3 : Alors que je m'apprête à rentrer dans mon immeuble, une baboushka me prend le bras. C'est la grand-mère de Oksana et c'est parti pour une heure de thé et de bavardages oisifs, au milieu de tartes aux pommes et autres gâteries.

Puis, elle m'explique qu'elle est allée dans sa datcha ce week-end (c'est le top fun pour les personnes âgées) et qu'elle a planté plein de fleurs. Elle m'invite à venir bientôt, pour l'aider à cultiver son potager (moi en bottes et pleine de boue = image qui en fera rire plus d'un) et pour voir les fleurs qui auront sûrement éclos d'ici là. Je reste perplexe mais ne bronche pas.

Vu que la neige est attendue pour dans deux semaines, et que nous sommes fin septembre, est-ce bien raisonnable de demander à une fleur d'ouvrir ces pétales là-tout-de-suite-maintenant ? Je vous avoue néanmoins que je suis loin d'avoir la vocation et la culture de fleuriste.






Et expliquez-moi pourquoi les seuls garçons potables sont des bad boys de première ? Ca n'existe pas encore en Russie le modèle masculin type : oui je suis beau mais ce n'est pas pour autant que je cache un couteau dans mon slip ? GRRR.







PS: j'ai failli être amputée de mon pied gauche, pour cause de talon (aiguille, c'est le cas de le dire !!) enfoncé lors d'une bataille suprême pour place dans la marshrutka bondée. Mais j'ai tout de même réussi, clopin-clopant, à m'asseoir, tandis que la cruche est restée debout. Il en faut plus pour m'abattre !









Wednesday 17 September 2008

I love Gorki and Gorki loves me !


J'aime...
... que les baboushkas du bus te réveillent en plein rêve "parce-que si tu dors ma petite tu vas avoir un choc termique en sortant".
... que l'on mange le poulet avec les mains, même dans le plus chic des restos.
... que l'on déteste cordialement la Géorgie tout en se pâmant devant sa gastronomie. Le boycott politique, la Russie ne connaît pas et tant mieux !
... que les filles russes soient toujours habillées à la limite du mauvais goût tout en ayant un sens certain de l'élégance.
... que l'on te conseille les meilleurs thés de la carte quand tu es en train d'en commander un âcre et imbuvable.
... que la marshrutka entière t'écoute religieusement quand tu parles. C'est la leçon de français du jour, ouvrez grand vos oreilles chers camarades !
... que le taxi te raconte sa vie et t'explique (en croyant que ça va te rassurer) qu'il est allé jusqu'en Chine avec sa Lada et que donc il ne faut pas s'inquiéter si elle cale tous les six cents mètres.
... que ma famille chauffe la cuisine en allumant toutes les plaques à gaz, ce qui rend d'un coup mon matin aussi dangereux que celui de James Bond.
... que les graffitis sur les murs soient sponsorisés par CityBank, Edinaia Rossiya (Russie Unie) ou encore par MacDonald's.

J'aime aussi...
... voir briller dans les yeux de chaque baboushka la flamme nostalgique de l'URSS.
... la cuisine russe, où, pendant la cérémonie du thé, chacun parle, parle et parle...
... les trous dans le plancher des marshrutkas.
... les hauts-parleurs dans les rues qui diffusent les infos locales ou les derniers hits du moment.
... les incroyables fautes de langage dans les manuels de français de l'Université. ("Qu'est-ce que c'est que le monsieur a mangé ?", "Qui c'est qui a vu le monsieur manger le chat ?" ou "si ton ami a froid, tu dois le chauffer" !)
... les portraits de Lénine encore affichés sur les anciennes usines.
... le petit bruit du modem russe, qui chante comme les nôtres il y a dix ans.
... les posters dans les marshrutkas. Je suis déjà tombé sur un poème avec Bill Gates en prophète et en sandales.
... les adorables petits surnoms intraduisibles en français.
... habiter la maison d'à côté de celle de Sakharov.
... Vkontakte, le Facebook russe. En fait, vous n'êtes peut-être pas au courant, mais une véritable guerre froide a lieu en ce moment même entre ces deux réseaux sociaux. Sur le site Vkontakte affluent les vidéos et groupes contre Saakchivilii et sur Facebook, les groupes pro-géorgiens. Très très intéressant comme phénomène !

Etes vous au courant ? Nijni Novgorod s'appelait Gorki auparavant, du nom de ce brave Maksim.

Tuesday 16 September 2008

La Russie est un rébus enveloppé de mystère au sein d'une énigme. [citation de ce cher Churchill]


Depuis que je suis arrivée en Russie, je ne compte plus les questions existentielles qui m'assaillent chaque jour.


Comment font les chauffeurs de marshrutka pour changer la monnaie, donner le billet de bus, téléphoner, annoncer les arrêts et conduire en même temps ?



Pourquoi la magnifique jeune fille russe se transforme après en baboushka informe ?

Comment la jeune fille russe peut-elle envisager de marcher en talons avec une ceinture en guise de jupe, alors que les rues sont boueuses et que le temps est à la pluie et au gel ?

A quoi pense la baboushka de mon immeuble qui balaie toute la journée, courbée en deux, les feuilles d'automne tombées dans la cour ?

Pourquoi le Russe crache plus que le Français ?

Comment le petit garçon tout mignon aux incroyables yeux bleus peut-il soudainement se métamorphoser en immonde postpubère barbu ?


A quoi servent les professeurs russes ?

Pourquoi la jeune fille russe s'habille-t-elle de façon provocatrice tout en refusant de se faire draguer par le chaland du coin en boîte ?

Pourquoi donc ai-je une baignoire dans ma cage d'escalier ?



***



Je fais aussi le plein, chaque minute qui passe, de petites anecdotes si particulières à la "russkaya dousha" (âme russe) et qui me font aimer si profondément la Russie.



Dans la marshrutka, ceux qui ne peuvent accéder au comptoir de la "contrôleuse" passent sans angoisse l'argent du billet à leur voisin. Qui le passe à son voisin le plus proche. Et ainsi de suite, jusqu'à former une petite chaîne humaine où repassera en sens inverse le ticket de bus. Aucun rouble ne se perd, et personne ne songe un instant à voler cet argent. Tout comme il ne viendrait jamais à l'idée d'un Russe de ne pas payer son trajet de bus.



Plusieurs explications sont possibles à ce comportement digne de l'Homo Sovieticus dont rêvait Staline : premièrement, les marshrutkas et les bus représentent une amélioration notable du quotidien de Nijni-Novgorod, qui n'avait que très peu de lignes de transports auparavant. Ainsi, mon quartier était très excentré il y a peu. La mise en place de ces infrastructures date d'il y a plus ou moins deux ans, et les habitants en sont si contents que leur attitude exemplaire leur semble justifiée, malgré la vetusté apparente des véhicules...




La télévision russe possède une chaîne d'information continue, dont le majoritaire actionnaire est bien sûr le Kremlin. Pas de quoi s'offusquer... Après tout en Europe, c'est aussi le cas (France 24, par exemple). Mais ce qui m'amuse particulièrement sur cette chaîne, c'est que peu importe le sujet, ce sera toujours un homme politique russe qui en parlera. Fanny Mae et Freddy Mac sont à la une ? Pas de problème, cette chère Elvira Nabioullina sera là pour rassurer la population et donner un interview soporifique de deux heures. Le pape vient faire un coucou aux Français ? Hop, un rappel sur le schisme vieux de plusieurs siècles entre l'Eglise Orthodoxe et l'Eglise Catholique sera sûrement le bienvenu. Et puis on invitera ce brave barbu-made-in-moscow pour approfondir un peu plus la question...

Aux journaux télévisés s'enchaînent les discours interminables des Lavrov, Chmatko, Foursenko, Choïgou et autres ministres. Dmitri Medvedev pratique un hyperprésidentialisme forcené qui ferait passer Sarkozy pour un petit timide. Sans oublier que cette forte présence s'accompagne par une très forte activité médiatique de Vladimir Poutine, ou plutôt devrais-je dire, de Celui-dont-les-Tigres-ne-prononcent-pas-le-Nom. Car le dernier haut fait d'armes du chauve du Kremlin est d'avoir sauvé quelques journalistes des griffes d'un féroce tigre.

Résultat, l'information est traité d'un point de vue exclusivement russe. De l'autre côté du miroir, Euronews paraît aux Russes plein de propagande pro-européenne et anti-russe. Et si c'était vrai ?

Monday 15 September 2008

Photos (IV) - 1er Week-end de folie

Pour la fête de la ville, un grand concert est organisé ainsi qu'une parade militaire (que je n'ai malheureusement pas vue).
Les drapeaux russes ne marquent pas ici, comme on pourrait le croire au premier abord, la tenue d'une manifestation xénophobiste, mais sont au contraire l'apanage habituel de tout évènement (concerts, fêtes, mariages...).

Le Kremlin, de nuit.

Kirill, Natalia et Frédérick, au Milo ou à Bessonitsa.





Masha fêtait ses dix-huit ans. Alors forcément il y avait dix-huit bouteilles de vodka. Je vous rassure, nous ne les avons pas finies !



En bref, ce fut une soirée extraordinaire, dans un restaurant nommé Bordel (!!), avec une très bonne ambiance et des russes totalement déjantés.



A venir : les photos du photographe professionnel venu pour la soirée (re: !!).











A Bessonitsa (Insomnie), club tendance du moment, Frederick a réappris aux Russes (entre autres Kirill) comment fumer à la soviétique.

Fresque exaltant le combat communiste et l'avènement d'un homme nouveau, sur un des murs de mon université.
La révolution rouge est comparée à celle de 1789, comme on peut le voir en bas à droite.









Natalia, actuelle Moscovite mais toujours Nijnoise de coeur.

Photos (III)


Jolie petite eglise dans le quartier de Sasha


Mon immeuble



Monument aux Morts, dans l'enceinte meme du Kremlin.


C'est moi qui l'ai fait ! 1er blin ! 


Lors de ma croisiere sur la Volga

Tuesday 9 September 2008

Photos (II)

Après la cérémonie à la mairie, les nouveaux mariés, accompagnés d'une petite assemblée de quelques personnes vont se promener dans l'enceinte du Kremlin. Un cameramen et des photographes les suivent afin d'immortaliser de la façon la plus kitschissime possible le premier jour de leur vie commune.

Sur la Volga, une péniche.

Ici, le miel se mange nature, et est ramené directement de la datcha familiale.

Mon parapluie anglais connait enfin la pluie russe...


Journal de bord au rendez-vous


Edouard est effare devant l'etat de notre rue... (boue + sable + orties + chiens sauvages + pluie = que du bonheur !) heureusement, elle reprendra un aspect un peu plus normal quelques jours plus tard.

Photos (I)


Le Kremlin, vu de la Volga avec ses nombreuses eglises


Edouard, avec Ania et Katia, sur la plus grande rue commercante de Nijni-Novgorod.


Oksana, la jeune fille de ma famille d’accueil, adorable !


… Et Irina, la mere de ma famille d’accueil, avec Cherlyshka.


Prisonniers du Kremlin ! (starring Sasha et Katia)


Coucher de soleil sur la Volga, des hauteurs du Kremlin.


Friday 5 September 2008

KUSHAIIIII-power : ou quand mes papilles scintillent de joie


Quand on parle de la cuisine russe, plusieurs mots barbares nous viennent а l’esprit : BORSH (soupe aux betteraves), BLINI (crepe а la russe), CAVIAR (ikra) et VODKA (pour les fins connaisseurs).

Eh bien, je souhaiterais partager ici mon ebahissement sans limite eprouve des mon premier repas а Nijni-Novgorod. La cuisine russe est loin d’etre monotone ; au contraire, elle est d’une intense variete. (par contre, bonjour les kilos : vous m’avez connue taille 38, je reviendrai taille sumo).

Contrairement а un repas francais, le repas russe est directement inspire du mouvement anarchiste. Hors de question que l’on s’abaisse а hierarchiser les differents plats (pourquoi l’un serait davantage « principal » que l’autre ? et pourquoi donc appeler « entree » ce qu’on peut aussi manger en fin de repas ?) ! Cela revient en fait а manger plusieurs plats principaux : par exemple, on commence par du SHI (soupe au chou) avec du KAPOUSTA (chou cru) puis on attaque les KOTLETT (boulettes de VNI - viande non identifiee) avec des MAKARONI (petits spaghettis de quelques centimetres, c’est ce que mangeaient principalement les russes pendant le chaos economique des annees 90) ou des PELMENI (raviolis a la viande). Puis arrive le dessert : raisin, ou ZIEFIR (marshmallows enrobes de chocolat) avec le traditionnel TCHAI (the).
Le dessert s’etire indefiniment, on papote, on mange а nouveau, on grignote, on oublie les regles elementaires de la dietetique et on s’adonne aux plaisirs du chocolat. Puis chacun vaque dans son coin, puis, une heure ou deux plus tard, il est temps de se retrouver autour d’un lait chaud ou fond le miel ramene par la baboushka lors de sa derniere expedition dans la datcha familiale.
Manger est une activite sociale, et ne se dissocie jamais du the : meme а la tele, а la fin de certaines emissions, on peut voir la personne invitee sur le plateau se faire servir du the et des PIROJKI (petits gateaux fourres aussi bien а la viande qu’aux cerises). S’asseoir et bavarder se fait avec the, ou ne se fera pas.

« ON MANGERA LES RESTES DEMAIN AU PTIT DEJ »
euh …

Tandis que le diner est un moment agreable, chaleureux, ou l’on se raconte les dernieres nouvelles avec enthousiasme, le petit-dejeuner est autrement plus traumatisant pour les petits Europeens. Alors qu’on s’attend а des tartines ou des cornflakes, on se retrouve а six heures du matin nez а nez avec des saucisses melangees au cafe, sans oublier le reste de la soupe d’hier-soir et du borsh en veux-tu-en-voilа. Tout cela peut tres bien s’accompagner de TVOROK (sorte de fromage blanc tres sucre et condense) et d’un chocolat chaud… Quand le sale rencontre le sucre, il le fait en Russie dans la plus grande confusion ! On s’y habitue neanmoins tres vite…
Manger enormement le matin est primordial а Nijni, car non seulement il faut affronter les trottoirs delabres et les marshrutki bondees, mais en plus le dejeuner est quasi inexistant : on achete quelques pirojki tout au plus… La morfale que je suis a du mal а faire son deuil de son lunch quotidien, ce qui fait que je m’attaque aussi aux specialites stop-fringale-help, tel que ce delicieux potage de legume couvert de fromage fondu et SMETANA (creme fraiche)…

Vkussno…

En bref, c’est une cuisine qui au premier abord parait simpliste, voire rustique, et qui revele а qui sait faire des efforts d’extraordinaires ressources et une inventivite sans egal : quand on sait que la plupart des plats russes ne sont constitues que de cinq-six varietes de legumes (dont la celebre KARTOSHKA – pomme de terre) et de lait.

Il s’agit bien sur d’observations tirees de ma propre experience : il se peut que cela differe selon les familles. Allez hop, а table, et promis, je vous fais un rapport complet de mon prochain festin.


BRAVER LA MORT POUR ALLER A L’UNIVERSITE : mon quotidien (non je ne dramatise pas)


Pour aller а l’universite, il suffit de s’armer de courage et de dix roubles. J’habite а la fin de la prospekt Gargarina, qui s’etend sur plus de dix kilometres d’embouteillage, oщ cohabitent Lada, Logan et autres voitures datant de l’вge de pierre, dans un joyeux concert klaxonphonique. Deux fois par jour, je risque ma vie et ma sante mentale dans une marshrutka.

Marsh… quoi ?? Il m’a fallu trois trajets pour comprendre la veritable nature de la marshrutka. Il s’agit d’une petite camionnette, appartenant а la Mafia locale selon les rumeurs, qui ressemble а un petit Combi venu tout droit de l’epoque hippie, Beatles et compagnie. Sauf que la realite est un peu moins technicolor. Imaginez-vous vingt а trente personnes pressees les unes contre les autres dans un peu moins de dix metres carres, tout cela roulant soit а 0,032 km/h (lors des gigantesques et effroyables embouteillages matinaux), soit а 90 km/h (le soir, et en freinant toutes les deux minutes, ce qui parait suicidaire quand on sait qu’on est debout et dans une veritable carcasse, digne d’etre recyclee par Wall-E.) Et comme si quinze minutes de cet enfer ne suffisaient pas pour donner la vocation campagnarde а la city girl que je suis, je dois supporter ce calvaire une heure, voire une heure et demie, deux fois par jour. C’est а vous faire rever du metro parisien aux heures de pointe !

N’importe quel russe realiserait ici que j’omets un detail important : comment aller jusqu’а l’arret que dessert la marshrutka. Au premier abord, cela parait simple. Vous connaissez le chemin jusqu’а la station. Vous savez qu’il vous faut а peu pres dix minutes. Vous voyez des femmes en talons partout, alors innocente petite touriste que vous etes, vous osez les ballerines en tweed, pensant qu’elles sortiront intactes de votre epopee. Mais а peine etes vous sortis que vous assiegent (dans l’ordre) : la pluie diluvienne, le chien du voisin (а moins que ce ne soit un de ces chiens sauvages qui rфdent partout, а l’affыt d’un bout de viande fraiche, ce que a priori vous etes malgre vous), la boue, et les gouffres qu’a creuse la pluie dans le goudron des rues. Si vous etes du genre la-chance-est-avec-moi (comme c’est mon cas), vous avez meme le droit а la rue en travaux. Or c’est la seule qui peut vous mener jusqu’а la marshrutka. A vous des lors les orties et les montagnes de sable а escalader : o joie !

Couverte de boue, de sueur, piquee et mordue de partout, vous arrivez enfin а l’universite. Quelques dizaines de magnifiques Russes vous toisent, perchees sur leurs talons incroyablement hauts, habillees а la derniere mode moscovite (comprenez : un melange de classe et de vulgarite, tout cela avec des jambes aussi longues que la prospekt Gargarina et des jupes aussi inexistantes que le sex-appeal des hommes russes.). Les commentaires vont bon train : « Tu crois que la boue sur les chaussures, c’est parce-que la tendance du moment а Paris c’est le cote dirty ? ».

La journee peut commencer…




NIJNI-HI-HI-HI


Le Bonjour de Russie, chers amis !

Autour de moi, des jeunes filles se tordent la cheville du haut de leurs talons vertigineux, les rares garcons presents sont plus laids les uns que les autres, et des centaines de baboushki se ruent vers les bus bondes et en piteux etat … pas de doute, je suis bien en Russie !

Et ceci depuis une semaine. Apres un court passage а Moscou, capitale enchanteresse, j’ai debarque а Nijni-Novgorod avec trente-deux kilos de bagages exactement et cinq heures de train а mon actif. Sur le quai de la gare m’attendait un veritable comite d’accueil des plus impressionnants : ma famille d’accueil et leurs amis, ainsi que les connaissances nijnoises de mes amis moscovites. Chacun s’est empare de mes valises et je me suis retrouvee, ni une ni deux, dans une Lada, roulant а toute allure sous la pluie, frolant le kremlin et les domes dores des eglises orthodoxes…
… direction 12, Ulitsa Joukova kv.53 indeks 6O3137. Ou plutot : 12 ул. Жукова Кв. 53 инд. 603137 Н.Новгород. (ca parait tout de suite moins comprehensible.)

Un mignon petit appartement, amenage а la russe mais moderne, m’attend avec le chat et le borsh qui avec. Ma famille russe se constitue d’une jeune fille de seize ans – Oksana -, et de sa mere – Irina -. Pendant les repas, j’ai le droit а une lecon de vocabulaire complete sur les ustensiles de la cuisine et divers mets culinaires made in Poutineland. Le matin, c’est au tour de la brosse а dent, du miroir, des habits de se russifier… Elles m’ont meme offert des post-it pour que je puisse les coller sur mes meubles afin d’apprendre leur signification en russe ! Si avec ca je ne progresse pas, je suis bonne pour le g.o.u.l.a.g estudiantin !