Saturday 28 November 2009

La stratégie énergétique de Poutine, financée par la France et l’UE

C’est un grand coup que s’apprête à frapper Vladimir Poutine. Alors que l’Union Européenne n’a toujours pas de stratégie énergétique claire, il lui propose de se rallier à celle de la Russie, qui serait pilotée par Gazprom… mais financée par l’UE.

Une proposition osée et pourtant immédiatement encensée par l’Union Européenne. La France, elle non plus, n’a pas résisté aux sirènes de la realpolitik énergétique. Vladimir Poutine, à Paris jeudi et vendredi, peut en être certain : sa visite sera fructueuse en contrats sonnants et trébuchants.

C’est GDF Suez qui a ouvert le feu : la multinationale française souhaite acquérir jusqu’à 9% du gazoduc North Stream, l’un des deux projets de Gazprom. Quant à Henri Proglio, l’actuel PDG d’EDF, il ne dirait pas non à 10% de participation dans le second, South Stream.

Pourquoi un tel empressement de la part de la France ? Après tout, seul 14% du gaz français vient de Russie. Mais cette dernière sait rendre une offre alléchante. Ainsi, GDF Suez se voit gratifié de contrats gaziers à long terme. TOTAL, pour sa part, est sur le point de décrocher un contrat en or : celui de l’exploitation des réserves d’Iamal, en Sibérie, véritable « entrepôt gazier ».

C’est aussi l’échec de la politique énergétique commune de l’Union Européenne qui pousse la France dans les bras de Poutine. Après avoir été pris en otage au cours de la crise du gaz entre l’Ukraine et la Russie, en janvier 2009, les pays membres ont échoué à trouver un consensus sur le projet du gazoduc Nabucco. « Mais d’où viendra le gaz ? », a martelé Poutine, insinuant ainsi que la Russie reste maître de cette précieuse ressource, même si elle est puisée en Asie centrale. Face à l’impossibilité de déloger l’ours russe du terrain énergétique, l’Union Européenne s’est vue obligée de coopérer avec Gazprom.

Un véritable soulagement pour les pays membres comme la Finlande, la Slovaquie ou les pays Baltes, qui dépendent à 100% du gaz russe. Un accord supplémentaire a été signé entre la Russie et l’Ukraine, mettant officiellement fin à la guerre du gaz.

La technologie et les financements européens font gravement défaut à Gazprom pour développer ses projets. En devenant actionnaires des gazoducs russes, les pays membres peuvent se féliciter d’avoir gagné un droit d’ingérence dans la politique énergétique de la Russie. Mais réussiront-ils à l’exercer ? Dans cette association avec l’Union Européenne, la Russie reste encore maître du jeu. Poutine peut déjà s'enorgueillir d’avoir unifié l’Union Européenne autour de ses intérêts.