Tuesday, 28 October 2008

*Pererif*

g.r.e.v.2.b.l.o.g.



Poka, et à très bientôt ! Je m'en vais montrer à mes parents, qui débarquent sur le sol russe jeudi, que l'URSS a laissé place à un pays fascinant... Connaissant ma verve en ce qui concerne la Russie, vous ne doutez pas que je saurai les convaincre !!!
A très vite !

Monday, 20 October 2008

Я - русская девушка. Да-ДА.

Depuis quelques mois, ma métamorphose en русская девушка devient de plus en plus notable. Elle a d'ailleurs atteint son apothéose lors de l'achat samedi dernier de bottes qui sont l'apanage de toute jeune fille (russe) qui se respecte.
Je vous laisse donc juger par vous-mêmes de ma transmutation en produit local. Ne prenez pas ça pour du narcissisme, car bien au contraire, il s'agit ici d'un acte des plus altruistes, puisque je souhaite éviter à chacun de vous un trop grand choc lors de mon retour en Europe.





Bande-son : я устал, de Quest Pistols, chanson dont le comique des lyrics n'égale que son succès sur les platines du DJ.

Saturday, 18 October 2008

Адмираль. Prononcez Admiral.

“Kolchak has been judged differently at different times in history,” said historian Roy Medvedev. “...Most Russians know little of him so the film will have a big influence on them.”


Je n'ai pas pleuré lors du film Адмираль. Je suis un monstre. Je n'ai pas de coeur.
Ou plutôt, j'en ai un, mais il s'est soudainement transformé en pierre. Dans la salle pourtant, les larmes s'affichaient sur chaque joue russe, et les kleenex se vendaient à un prix d'or. Chaque jeune fille post-pubère s'essuyait sans ménagement la morve sur l'épaule de son voisin, qui, malgré sa virilité, avait du mal à cacher son émotion.
Et moi, au milieu de cette bataille de sentiments, je restais de marbre. Quoi, il meurt ? eh bien oui, c'est la guerre, mes braves gens. Comment, on lui tranche les orteils et il succombera à une pneumonie fulgurante ? d'un côté, il n'avait qu'à faire un peu plus attention et ne pas courir sur le lac gelé avec son cheval. Ca lui apprendra, tiens !

Адмираль est un film qui, s'il ne m'a pas émue, m'a néanmoins très intéressée. Commandé par le Ministre de la Culture, financé à coups de subventions onéreuses et gouvernementales, c'est une des plus grandes productions cinématographiques de ces derniers années en Russie. Les séances sont chaque jour à Nijni pleines à craquer et selon Vremia Novosti, le phénomène se répète partout en Russie. La Baboushka y est allé, la maman aussi, le jeune couple y court main dans la main, le bourré du coin n'hésite pas non plus, et tous vont pleurer ensemble devant ce grand hymne patriotique.
Car ce film est avant tout un panorama exaltant l'amour du Russe envers sa Rodina-chérie. L'action débute en 1916, nous sommes sur un gentil petit bâteau, sorte de gros blindé qui pose des mines partout et qui souhaite en découdre avec son ennemi allemand. Sans surprise, les vilains finissent noyés et les matelots russes lancent d'heureux hourras. Bien sûr, les corps sans vie traînent un peu partout et ça fait sale, mais le Pope est là pour arranger ça. La religion est, avec le drapeau russe et la chapka, l'un des grands personnages du film. On prie avant et après la bataille (avec musique de fond s'il vous plaît, et reniflements convaincus partout dans la salle), on se signe aussi souvent qu'on croise une icône (c'est-à-dire toutes les cinq séquences) ou un mort, et surtout, on essaye d'incruster dans le film toutes les fêtes religieuses, avec plus ou moins de bon sens.
Comme si la guerre était inséparable de la dévotion. Le Pope et le soldat sont les meilleurs amis du monde en Russie, cela se savait, mais le gouvernement a décidé d'en rajouter une sacrée couche avec Адмираль .
Tout cela agrémenté d'un amour à la Jivago (ce qui n'est pas forcément déplaisant), de quelques scènes sanglantes et d'actes héroïques en-veux-tu-en-voilà.
Je râle, je râle, mais le film a au moins le mérite de présenter le climat pré-Révolution et cette dernière, sans oublier la guerre civile, sous un autre angle que celui des Rouges. Cette fois-ci, on soutient les Blancs, c'est écrit noir sur blanc, sans vouloir faire de mauvais jeu de mots (trop tard, c'est fait). Notre tourment pendant une heure et trente minutes sera donc que ce cher Alexandre Kotchak, amiral à ses heures perdues, ne peut pas forniquer tranquillement avec son aristocrate de maîtresse sans que de vilains bolcheviques viennent lui mettre des grenades sous les bottes. Mais pas question qu'on titille du fusil lui et la Russie en toute impunité. Comme il a la provocation facile, hop hop, il réunit quelques troupes, les harangue quelque peu, (toujours avec le Pope à côté) et s'en va peindre la neige en Rouge.

[Koltchak, le Pope et les drapeaux, scène parmi les plus émouvantes du film à en juger les sanglots éperdus de ma voisine.]

Bien que j'ai trouvé le film sans aucune inventivité et terriblement propagandiste, les acteurs sont excellents, et le casting des paysages est irréprochable. Situer la moitié de l'action dans le Transsibérien est une idée jouissive, et vouloir s'occuper un petit peu de l'historiographie de la guerre civile est une très bonne initiative, même si on a zappé la case débat-et-objectivité.
On pourrait comme moi reprocher à ce film d'avoir sombré dans l'excès de niaiserie et d'avoir enrobé ces passionnants évènements historiques de petites princesses à la peau opaline. Néanmoins, il faut bien avouer que c'était la condition sine-qua-none pour que le public russe daigne sacrifier son vendredi soir à un film historique plutôt qu'à une bonne comédie américaine. Qui sait, ce n'est finalement pas si bête.

PS : le plus félon, le plus fourbe de tous, ne sera ni le poilu communiste, ni le jaloux mari, mais le Général Женне (Jennais ?), français, moustachu, et maintenant honni par 95% de la population russe.
rePS : Instant féerique : la pénombre s'en va lentement de la salle, et je vois autour de moi, une centaine de jeunes filles qui, en reniflant toujours un peu, se remaquillent et se repoudrent le nez, sans oublier de se coiffer la perruque. BON. Elles n'en feraient pas un peu trop là ? Surtout quand on sait que le mâle russe est ab-so-lu-ment insipide.

[Koltchak fait sa lecture du soir.]

Liens palpitants pour tous curieux en herbe :
- la bande-annonce en russe, mais rassurez-vous, les images parleront d'elles-mêmes.
- Kol-quoi ? Koltchak, et tous ses potins exposés sur Wikipédia pour votre plus grand bonheur
- Un article de RussiaBlog, assez complet.

Quelques infos glanées par-ci, par-là sur le web, par votre dévouée :
- Адмираль est le troisième film épique russe. Le premier, 1612, narrait l'invasion polonaise de Moscou et sa défaite face à l'armée russe; le second s'occupait de consolider le culte pour Alexandre Nevski.
- Le budget d'Адмираль a été de 20 millions de dollars, ce qui est considérable dans l'industrie russe du cinéma. Les entrées s'élèvent jusqu'à présent à 11,4 millions de dollars pour la seule Russie; avec l'Ukraine, elles totalisent un montant de 12,4 millions.
- C'est la première fois que l'on assiste à un tel succès cinématographique...
- ... mais ce n'est pas la première ni la dernière tentative de réhabiliter ce brave Admiral Koltchak, qui, malgré plusieurs recours judiciaires n'a jamais pu être réhabilité officiellement. Une île et quelques statues lui ont tout de même été consacrées depuis la chute de l'URSS. Lors de la sortie du film, Maximov (le co-producer) a déclaré qu'une "nouvelle vérité historique (sic !!!) est en passe d'être découverte : à travers ce film, il s'agit donc de donner un argument émotif (re-sic !!!) pour cette vérité."
- Cette volonté ne provoque pas l'unanimité chez les historiens. L'un d'eux, Roy Medvedev déclare, fort pertinemment, que la plupart des Russes savent si peu de Koltchak et de la querelle qui entache sa réputation que le film risque d'avoir une grande influence sur leurs esprits et par conséquence de figer le débat.

Pour finir, un petit extrait du débat que j'ai eu après le film avec mes amis russes :
M. : Je ne peux pas supporter de voir ce que les communistes ont fait aux défenseurs du tsarisme. Ce sont des barbares, et ils ont installé une terrible dictature.
Moi : Tout de même, ma chère, les rouges avaient beau ne pas être très sympathiques, le tsar et sa bande n'étaient pas non plus des anges avec la plèbe. Après la révolution, tout n'était pas rose, mais une certaine égalité s'était installé, non ?
M. et A. : Il vaut mieux qu'au moins une classe de la société vive bien, même si les autres classes pataugent dans l'indigence.
Puis M. : Ce serait vraiment mieux si la révolution n'avait pas existé et que nous vivions encore sous le tsarisme.
Moi : Dans le match Autoritarisme vs. Totalitarisme, c'est donc l'Autoritarisme qui gagne pour vous ?
M. et A. : конечно. [Bien sûr] [Of course] [Por supuesto]
Moi : Et vous préféreriez le tsarisme à votre (supposée) démocratie actuelle ?
M. : C'est à voir. Notre démocratie a beaucoup de failles, mais elle a l'excuse d'être encore jeune.
A. : Je me demande si en fait notre démocratie n'est pas un tsarisme caché.



***
Si j'ai appris à Nijni quelque chose, c'est bien que chez les Russes le patriotisme n'exclut pas l'esprit critique. Ce que les médias occidentaux ont encore du mal à comprendre. La population russe n'est pas assujettie à la propagande gouvernementale : elle ne fait que la subir mais sans s'y aveugler.






Tuesday, 14 October 2008

Récit(s) imagé(s) de mes petites péripéties russes

J'ai trouvé un moyen détourné pour ajouter des photos sur mon blog. C'est de la triche, mais à la guerre comme à la guerre : or le conflit est ouvert entre Blogger et moi depuis quelques jours. (ce fichu site a même osé me supprimer un article : non, je ne crois pas au b.u.g informatique loin de là. Je crie au complot et à la censure. Bientôt le procès ?)

Enfin, trêve de plaisanteries, voici le premier diaporama de mon voyage à Kazan, du vendredi 10 au mardi 14 octobre.





Puis, voici le diaporama de mon voyage à Vladimir et à Bogolioubovo, le samedi 20 septembre.

Sunday, 5 October 2008

Malade à la russe, soignée à la russe, toujours vivante.

Etre malade en Russie c'est un tout petit peu différent qu'en France.

- la baboushka rapplique avant même votre première quinte de toux, s'assied à votre chevet et vous regarde dormir des heures durant, en poussant un petit soupir de temps en temps.
- Les antibiotiques sont des êtres bizarres dont on tient l'existence pour invraisemblable et qu'on ne rencontre ni en pharmacie ni dans le petit placard au-dessus des toilettes.
- le médecin vous fait systématiquement une piqûre de glucose...
-... et vous cogne (non je n'exagère pas) sur les deux joues avant même de dire bonjour, histoire de vous faire paraître un peu moins cadavérique que vous ne l'êtes et de lui redonner ainsi de l'espoir
- Pendant la visite de ce cher docteur, toute la famille plus quelques voisins sont présents dans la pièce, sans oublier la copine qui sait baragouiner l'anglais. Ça en fait du monde...
- Cette petite assemblée votera à main levée lorsque le médecin hésitera à vous envoyer ou non à l'hôpital du coin (je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie que pendant ce bref silence pré-électoral)
- Le Coca-Cola sera banni en cas de mal de ventre, à la place on vous proposera riz et beignets (sic !!!)
- on vous fera boire davantage de thé que d'eau, à raison d'un toutes les heures. Et je peux vous dire que cela devient très très vite écœurant...
- la baboushka de l'immeuble d'en face s'inquiètera de votre santé, et viendra offrir ses bons et loyaux services à votre famille d'accueil, sans oublier la grand-mère d'un de vos amis qui se fait un sang d'encre depuis qu'elle a appris que votre température s'élève à 38,01 degrés. Bref, votre santé devient une affaire d'Etat pour l'immeuble tout entier.
- le médecin reviendra précipitamment pour rectifier son verdict : non finalement, ce n'est pas la grippe, mais une intoxication alimentaire...

...Un conseil évitez les gâteaux russes fourrés à la crème !

"N'oublie pas ton appareil photo !"

Les Russes et la photographie... toute une histoire d'amour ! A condition qu'elle serve de support à une autre bien plus profonde et inaltérable : celle que ces demoiselles ont pour leur propre image.

La Russe aime se regarder dans un miroir. D'ailleurs, chaque jeune fille digne de ce substantif en possède un, tapis dans sa trousse ou ostensiblement accroché autour de son cou. La retouche maquillage-coiffure-bouton-d'acné se fait dans le couloir, sans aucune pudeur : et d'ailleurs, pourquoi donc avoir honte de ce signe de coquetterie puisque c'est cela même qui ravit le coeur des mâles russes ?

La photographie offre un avantage imparable par rapport au miroir : l'image persiste, peut s'afficher sur Vkontakte ou sur un autre site de parade sociale, sans oublier que Photoshop aidera à gommer cette saleté de pustule qui se prend pour une pastille de henné.

Jusqu'à présent, tout semble similaire à l'attitude des jeunes filles européennes.

Mais avez-vous déjà assisté à une fête d'anniversaire où l'on arrête tout (le repas entre autres, à mon grand désespoir !) afin de se consacrer pendant une demi-heure à des poses des plus bienséantes aux plus outrageuses (et je ne vous promets que je ne vous la joue pas mère-Anaïs -effarouchée-par-tant-de-décadence-priez-Seigneur). Ou autre situation qui m'a révélé en un éclair toute l'importance que prend l'appareil photo dans la société russe actuelle : après avoir visité Bolshoe Boldina (la demeure estivale de ce cher Poushkine) en long et en large, ma famille russe m'annonce que c'est reparti pour un tour, exclusivement consacré aux photos. Et me voilà posant à côté d'une statue de Poushkine, alors que d'autres jeunes filles piaffent d'impatience pour pouvoir enfin prendre, elles aussi, la photo qui ornera leur page d'accueil Vkontakte.
Ou autre situation hautement représentative de cet engouement russe : alors que nous dansons innocemment sur le dancefloor d'une de nos soirées, une de nos amies se refuse à trémousser du popotin et préfère nous mitrailler de flashs intempestifs. Je m'indigne de cet état des choses lorsque l'on me rétorque : "Laisse donc faire, il faut bien que quelqu'un prenne des photos de cette soirée !". Certes, mais de là à remplir trois mémoristicks de suite...

Si encore les photos prises reflétaient des situations normales, sans artifices et où les sourires ne sont pas soit crispés soit glossés à mort, je serais ravie d'avoir une telle anthologie de mes moindres faits et gestes en compagnie de jeunes filles russes. Mais voilà, ces dernières considèrent qu'une bonne photo est une photo sexy. Que dis-je, sexy ? Grivoise.
Il s'agit donc de bomber les seins, arquer les fesses, regarder langoureusement le pauvre appareil photo qui ne sait dès lors où donner la tête, enfin, l'objectif. Les lèvres dégoulinent de paillettes, les cheveux sont plaqués à la laque, les bottes sont vertigineuses et les cuisses emprisonnées entre deux épaisseurs de bas résilles.
Et ça s'embrasse, et ça simule, et ça orgasme, et ça prend des poses de plus en plus incongrues. Puis sans le moindre complexe, le lendemain matin, on retrouve des "photos-dossiers" sur Vkontakte. Dieu merci, étant donné ma pauvre capacité à prendre de telles poses, je n'ai pas encore eu ma réputation entachée.

L'amour des Russes pour la photographie portraitiste est indéniable. Mais il est néanmoins sujet à certaines nuances. Bien que je n'aie pas encore passée une seule soirée sans que l'on me téléphone pour que je pense à prendre mon appareil photo, il y en a tout de même quelques unes où la traditionnelle demi-heure de flashs crépitants se termine au bout de quelques minutes et davantage sans faux-semblants.





Humeur d'Hummer©

MALHEUR ET SACRILEGE !!

Il m'est impossible de télécharger une seule photo sur ce damné b.l.o.g. J'en périrai d'ennui si cette absurde situation continue.
En attendant, pas question pour moi de jouer les ingrates : merci pour tous vos petits mots d'encouragements maileux, commentaireux, fessedebrebiens ou encore vkontaktien.
Je vous embrasse fort tous, et j'espère trouver le temps latoudswitt pour pouvoir me mettre à la rédaction d'un nouvel article.

PS : ceci est la preuve matérielle et irréfutable que je suis revenue vivante de Dzerjinsk. Normal, je n'y suis jamais allée : j'étais malade. (courageuse mais pas téméraire...)