Tuesday 19 January 2010

Tout ce que vous devez savoir sur la RUSSIE cette semaine !


Actualités :

- Les élections ukrainiennes, un match gagnant-gagnant pour la Russie

Dimanche soir, l'Ukraine a voté. Selon des résultats partiels, Viktor Ianoukovitch serait arrivé en tête avec 35,36% des voix, tandis que sa rivale à nattes, Yulia Timochenko, aurait obtenu 25% des suffrages. Un écart important sépare les deux candidats, mais rien n'est joué pour le second tour, qui aura lieu le 7 février 2010. La victoire dépendra surtout de leur capacité à rallier les partisans de Serhiy Tihipko, mais aussi ceux qui préfèrent vendre leurs votes.

En attendant le 7 février, faisons un petit tour dans les villes natales des deux candidats.
Yulia Timochenko est née à Dniepropetrovsk, où règne résignation et désillusions. Viktor Ianoukovitch, lui, vient de l'oblast de Donetsk, "cité désincarnée". Dans les deux villes, on n'espère pas grand chose de l'élection présidentielle, si ce n'est de tourner enfin la page de la Révolution Orange.

Google Images

Car, déçus par le mandat de Iouchtchenko, les Ukrainiens préfèrent oublier "l'esprit de Maydan" (du nom de la place centrale de Kiev où se déroulaient les manifestations de 2004) qui avait mené à son élection. C'est du moins ce qu'affirment l'hebdomadaire L'Express et le quotidien Sud-Ouest. Le Monde, quant à lui, considère au contraire que la Révolution Orange continue de hanter les cœurs ukrainiens.

La grande absente de ce scrutin, c'est bien sûr la Russie. Une stratégie intelligente et cynique, si on en croit ces deux articles du Courrier International. Après tout, le soutien de Poutine à Ianoukovitch avait plutôt compliqué les choses en 2004 ; certains disent même qu'il avait provoqué sa défaite. Depuis, la Russie a compris la leçon et reste en retrait. Les relations russo-ukrainiennes ne peuvent en effet que s'améliorer,
que l'élection soit remportée par la belle aux nattes ou par l'ancien protégé russe. En témoigne l'arrivée d'un nouvel ambassadeur russe à Kiev, alors que le poste était vacant depuis août 2009. Dmitri Medvedev aurait attendu l'annonce des résultats du 1er tour, afin d'être bien certain de l'élimination de Iouchtchenko. Quant à ce dernier, il n'avait rien vu venir. (5% des suffrages à peine, quel camouflet tout de même...)

Vous avez zappé un épisode ? Rendez-vous ici si vous n'arrivez pas à vous souvenir de quelle couleur était la révolution ukrainienne (ORANGE ! et ce n'est pas un hasard). Pour un réjouissant bilan des années Iouchtchenko, c'est ici.

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- RUSAL : Une introduction en bourse originale mais risquée

15 milliards de dollars de dettes, c'est ce que pèse le géant russe de l'aluminium. Oleg Deripaska, oligarque parmi les plus controversés de Russie (souvenez-vous de sa spectaculaire faillite l'année dernière), n'a pourtant pas hésité à valoriser sa compagnie à 21,1 milliards de dollars, avec le sourire. Une stratégie jugée assez risquée pour que la Bourse de Hong-Kong décide d'écarter les petits porteurs de l'action Rusal. Affaire à suivre.

- Une ONG russe proposée pour le Prix Nobel

La députée norvégienne Erna Solberg a proposé au comité Nobel la candidature de l'ONG russe Mémorial ainsi que celle d'une de ses responsables, Svetlana Gannouchkina. Menacée de mort à plusieurs reprises, Svetlana Gannouchkina est à 84 ans une figure incontournable des droits de l'homme en Russie - même si hors de cette sphère, peu de gens la connaissent.
Pour le président du comité Nobel, le choix risque d'être difficile, et bien plus politique qu'il n'en a l'air. Car Thorbjoern Jagland occupe aussi les fonctions de secrétaire général du Conseil de l'Europe, où la Russie est un acteur central.

- Staline au banc des accusés

Evgueni Djougachvili voit rouge. Son grand-père, un certain Staline, a été reconnu coupable d'avoir orchestré la famine ukrainienne à des fins génocidaires par le SBU (service de sécurité ukrainien) et la justice ukrainienne . Elle avait causé une véritable hécatombe ; certaines régions voyant parfois leur population entière disparaître. L'argument majeur de son petit-fils : "D'un point de vue formel, le génocide, au début des années 30, n'était considéré comme un crime ni en Ukraine ni dans le monde."
La famine de 1933 (ici en images) reste un sujet sensible en Ukraine, où une exposition a été organisée, avec plusieurs délits de falsification. Elle est aussi devenue un sujet de tension entre l'Ukraine et la Russie, qui pourtant n'en manquaient pas.


- Laïcité en Russie : le cri d'alerte de plusieurs ONGs

Pour l'Institut de la liberté de consience (ILC), Mémorial et le groupe Helsinki, la laïcité est en danger en Russie. Les trois ONGs livrent des chiffres effarants : 500 "vérifications" envers les Témoins de Jéhovah et 10 lieux de cultes confisqués à l'Eglise Orthodoxe Autonome. Sans compter les poursuites pour islam extrémisme contre les musulmans, qui ne cessent d'augmenter. Selon Serguey Bourianov, membre de l'ILC, "le bilan de l'année 2009 est catastrophique".


Cultivons-nous :

- Lancement de l'Année de la Russie en France.

Lundi 25 janvier 2010 avait lieu au Quai d'Orsay la cérémonie de lancement de l'Année France-Russie. Un programme qui brille par sa diversité, avec des concerts, des ballets et des expositions par centaines. En attendant que les festivités commencent, le site de l'Année de la Russie en France vous aidera à remplir votre agenda !

- Dommage cependant que les organisateurs se soient contentés d'évoquer la Russie "carte postale" et évoquent à peine la folle jeunesse qui fait les quatre cents coups à Moscou.
Rappelez-vous. Au centre Sakharov, une exposition appelée "Art interdit" réunissait plusieurs dizaines d'oeuvres refusées ailleurs, car trop polémiques. Quatre jours seulement après son ouverture, l'exposition a du fermé, son espace ayant été saccagé, ses oeuvres détruites et ses murs recouverts d'insultes antisémites. Mais c'est le directeur du Centre Sakharov, Andreï Erofeev (lire sa tribune), qui sera arrêté et assigné en justice.
A côté, l'exposition Sainte-Russie paraît bien fade et réductrice...

"Icône-caviar" par Alexandre Kossolapov, 1995 © DR
[+ d'infos ici]

Objets trouvés :

- On a enfin trouvé la raison des embouteillages dantesques de la capitale moscovite. Jeudi 14 janvier, vers 23h, des clips pornos ont été diffusés sur des écrans publicitaires en pleine ville. Béats, les conducteurs se sont arrêtés pour mieux profiter de cette petite pause cinématographique, causant dès lors de longues queues dans les rues de Moscou. (Il m'est difficile de résister à l'appel d'un mauvais jeu de mots...)

- 51 millions de roubles, soit 1,7 millions de dollars : c'est le prix auquel a été vendue une photo prise par Dmitri Medvedev. En noir et blanc, elle représente le Kremlin de Tobolsk vu du ciel. Pour la directrice de la galerie Photographer.ru, Larisa Grinberg, il s'agit avant tout d'un geste politique, la photo n'étant pas à proprement parler une oeuvre d'art.

AP/Dmitry Lovetsky

- La version russe de l'Épiphanie fait froid dans le dos ! Célébrée dans la nuit du 18 au 19 janvier, la Théophanie permet aux croyants de laver leurs péchés... mais à des conditions extrêmes. Par des températures glaciales (-25°C à Moscou), 65 000 Russes orthodoxes ont plongé dans des fonds baptismaux - pour voir à quoi cela ressemble, cliquez ici - mais aussi dans des lacs ou rivières gelés. Une information communiquée par... le Ministère des Situations d'Urgence.

- Vouloir boire du vin en Russie est souvent un luxe au prix prohibitif. Une bouteille qui coûte 6 euros en France peut être vendue jusqu'à 150 euros à Moscou. Alors pourquoi ? Accord de cartel ou début de monopole ? Le service anti-monopole russe prend l'affaire en main. En attendant, ces graphiques vous permettront de mieux appréhender le marché du vin en Russie, à travers la lorgnette du net.

Bonne nouvelle de la semaine :

- Du changement en Russie ! C'est du moins ce qu'annonce l'hebdomadaire russe Vlast'. Si vous ne comprenez pas le cyrillique, venez par .

- La Russie veut bien reconstruire l'Afghanistan... à condition que ce soit l'Occident qui paye.

Mauvaise nouvelle de la semaine :


- Le maire de Moscou a une nouvelle fois qualifié les manifestations gays d' "œuvre satanique". Rappelons qu'il s'agit d'un individu isolé, et qui, de surcroît, radote. Sans pour autant être férue des homosexuels, Moscou fait des efforts de tolérance : des magazines gays sont en vente dans les kiosques et plusieurs boîtes gays ont ouvert. Et la communauté est très active sur internet.

LE rendez-vous russe de la semaine :

- Avant-première de "12", film du réalisateur Nikita Mikhalkov
Quand ? Samedi 30 janvier 2010, à 20H.
Où ? Forum des Images, 2 rue du Cinéma, Paris (Métro Les Halles)

- Rencontre avec le réalisateur Nikita Mikhalkov
Quand ? Dimanche 31 janvier 2010, à 17h30.
Où ? Forum des Images, 2 rue du Cinéma, Paris (Métro Les Halles)

- Festival Russenko : rencontres culturelles russophones. Demandez le programme !
Quand ? Du 29 au 31 janvier 2010.
Où ? Au Kremlin-Bicêtre.

- L'Europe et la Russie de la Rus' à Poutine. Dans le cadre des 7èmes journées de l'Histoire de l'Europe.
Quand ? Du 29 au 30 janvier 2010, de 9h30 à 20h.
Où ? à La Sorbonne. 17, rue de Sorbonne, 75005, Paris

1 comment:

Aleksandr said...

Jaime, jaime, jaime !
Pourquoi pas tout les jours une revue de presse comme la tienne ?